mardi 27 octobre 2009

Le ruban blanc n'y allez pas c'est un chef d'oeuvre !


Alors oui, Michaele Haneke a été couronné (en fait palmé) pour ce film, le Ruban blanc.
Je commence par éloigner le spectateur habitué à la facilité ......action, sexe, humour, montage serré, musique tonitruante etc..... Bref, ici rien de cela....


Ce film se mérite. Il est en noir et blanc, en allemand (sous-titré tout de même !) et dure 2 h 24 minutes. Le générique est long et muet...
Alors ? Oui, votre jugement est fait ! Je vais m'ennuyer ! Sauf, si vous décidez de vous laissez emporter dans cette histoire un peu sordide qui se passe dans un village de Prusse orientale à la veille de la 1ère Guerre mondiale. Haneke décide d'entrer dans la communauté villageoise avec l'aide d'un narrateur qui est le jeune nstituteur. Il raconte une série d'événements étranges qui bouleversent la communauté. Des enfants sont battus, des accidents ont lieu et des gens finissent par se suicider ou disparaître. Pourtant, la population apparaît comme tout à fait vertueuse, en se retrouvant dans le temple à écouter le pasteur ou devant le château du baron. Engoncé dans une morale rigoriste les personnages apparaissent un à un comme des hommes soit odieux soit brutaux ou tout simplement piégés par des hiérarchies sociales écrasantes.
Le portrait de cette société allemande à la veille de la Guerre n'est pas une simple description de l'Allemagne qui succombera au nazisme. Non, le message d'Haneke est, me semble-t-il bien plus universel. La vision de l'homme n'est certes pas très optimiste mais rien n'a pu contredire le réalisateur au cours du XXè siècle.

Le propos comme on l'a vu, est intéressant pas seulement parce qu'il est historique mais par son ambition universelle. Il est également servi par des choix esthétiques remarquables. La photographie d'abord....les plans séquences longs sont des photographies qui saisissent ces hommes (comme le photographe allemand August Sander l'a fait durant près d'un siècle, avec un exemple ci-dessous) avec une certaine distance...une certaine pudeur.

August Sander, Young farmers, 1914

Lorsque le veuf entre dans la chambre, le cadavre nu de sa femme apparaît, il s'approche, se recueille mais le mur nous masque les visages, la tristesse et la mort.
Un peu plus loin dans le film, le pasteur décide de corriger par dix coups de verges ses enfants....la caméra reste encore à distance, derrière la porte... et enfin quand le fils responsable du suicide de son père intègre le cortège qui emmène le cercueil, la caméra de Haneke s'éloigne encore afin qu'on ne devine que des ombres qui s'approchent ou rejettent le fils maudit....


Enfin, je n'évoquerai pas ici la scène extraite ci-dessous où le pasteur veut faire avouer à son fils qu'il a fauté parce qu'il se masturbe....on y voit une belle torture morale et un terrible ascendant du père sur ce jeune garçon terrorisé ....





L'autre scène est un dialogue entre une grande soeur et son frère qui tente de comprendre ce qu'est la mort....encore une fois la pudeur et la rigueur des dialogues rendent cette scène bouleversante.




Alors voilà, j'ai beaucoup aimé ce film exigeant d'un point de vu formel mais finalement terriblement fort et beau.


JC Diedrich

1 commentaire:

Geneviève a dit…

Il me reste de ce film des images : des plans fixes longs (on prend le temps de voir l'image !), des cadrages fabuleux (la chambre mortuaire ; les champs ; les portes de l'appartement du pasteur...) ; des textures (les murs de cette même pièce mortuaire par exemple). Pas de son : aucune musique ne vient nous guider dans la peur, le patos, le romantisme... A nous de nous débrouiller avec notre analyse du moment. Persiste aussi une violence qui se déploie peu à peu, après la lecture du film, comme si elle entrait dans les veines sournoisement. Un film d'images (ce qui semble normal pour du cinéma... mais ce n'est pas souvent le cas !!! Si ?)Un film qui se digère. Un film sublime... mais ça on ne le sait pas tout de suite.