La première grande rétrospective sur le peintre Emil Nolde a lieu depuis quelques jours au Grand Palais à Paris. Ce peintre allemand est finalement assez peu connu par le grand public français. Il faut dire que notre pays est resté un peu à l'écart du mouvement expressionniste car ses plus importants représentants appartennaient à l'ère germanique.
Quand on se penche sur la biographie du peintre, on s'interroge immédiatement sur sa participation au régime nazi et sa rapide et subite disgrâce précipitant le peintre dans les tourmants du XXe siècle.
En effet, Emil Nolde (de son vrai nom Hansen, Nolde étant le nom de son village natale) adhère au parti nazi en 1934. Il a alors 67 ans; peintre déjà confirmé, il est toujours en quête de notoriété. Nolde est en fait séduit par le nazisme, la figure d'Hitler et ses idées antisémites. Goebbels, le ministre de la propagande admire d'ailleurs le peintre depuis longtemps et expose quelques unes de ses toiles à son domicile. Les thèmes primitifs de la peinture de Nolde semblent pouvoir être "nazi-compatible" puisqu'il peint les paysages de la Baltique et les légendes nordiques. Pour autant, l'esthétique expressionniste choque le Führer (peintre lui-même, il préfère l'art académique), c'est pour cette raison que 48 toiles du peintre rejoindront l'exposition sur l'art dégénéré en 1938, alors que tous les musées allemands "purgent" leurs collections de près de 1052 de ses travaux.
En août 1941, le régime nazi va encore plus loin à son égard, en lui interdisant de peindre. Ecarté du pouvoir et des honneurs, Nolde va tout de même poursuivre son art dans la clandestinité jusqu'à la chute du régime nazi. A la fin de la guerre, sa disgrâce vis-à-vis du régime lui permet de ne pas être catalogué comme peintre nazi. Il peut désormais enseigner et être reconnu internationalement jusqu'à sa mort en 1956.
Sa carrière de peintre débute bien avant l'épisode nazi. Né dans le Schleswig-Holstein en 1867, à la frontière germano-danoise, il étudie d'abord la sculpture sur bois et se consacre finalement tardivement à la peinture (à plus de 30 ans). Il voyage alors, à Munich et à Paris où il découvre les travaux de Van Gogh et de Gauguin qui l'influenceront beaucoup.
Il est déjà un peintre confirmé quand il est contacté par le jeune groupe Die Brücke de Dresde en 1906 parce qu'ils partagent la même conception de la peinture : l'utilisation de couleurs violentes qui ne correspondent pas à une réalité.
Dès 1907, il quitte Die Brücke pour entrer dans le groupe de la Sécession de Berlin puis quelque temps plus tard, dans celui de la nouvelle Sécession. A cette époque, il multiplie les tableaux aux inspirations bibliques comme par exemple, le polyptyque de la vie du Christ. Après un voyage en Nouvelle Guinée, il retourne dans sa région natale à Seebüll. C'est dans cette région qu'il peint ses paysages nordiques.
Les années 20 marquent une certaine consécration pour l'artiste puisqu'il vend de plus en plus de tableaux et la nationalegalerie de Berlin ouvre une salle Nolde. Ses idées et une certaine naïveté le conduiront à adhérer au parti nazi... Ce qui évidemment salira un peu sa carte de visite.
Néanmoins, l'esthétique des peintures de Nolde est marquée par une grande modernité, ses tempêtes de couleur font de ce peintre, l'un des expressionnistes allemands de tout premier plan.
Pour aller plus loin
Le site de l'exposition de la RMN
Musée Nolde à Seebüll
JC Diedrich
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