dimanche 20 septembre 2015

Du pastiche dans The Wedding invitation de Shi Guowei


La scène artistique chinoise est sans aucun doute encore trop méconnue, une pépinière d'artistes suivent pourtant la trace de la star artistique chinoise, Ai Weiwei.

Au détour d'une belle exposition à la Galerie moderne de Milan, j'ai découvert cette oeuvre étonnante et qui est un témoin pertinent de la Chine actuelle. 



Shi Guowei, artiste chinois, né en 1977. Il pratique la photographie retouchée à la peinture. Il produit généralement des compositions de tableaux connus qu’il revisite à la manière chinoise. Il pratique une sorte d’aller-retour entre la culture occidentale et la culture chinoise. Il est ainsi le témoin de l’ouverture culturelle de la Chine… tout en revisitant la propre histoire de son pays. Il vit actuellement à Hong-Kong et expose en Asie mais aussi en Europe. 



Il joue avec bien d’autres œuvres….comme par exemple la naissance de Vénus de Boticelli ou encore les Ambassadeurs d'Holbein.



L’œuvre est un pastiche d’un célèbre tableau de Van Eyck intitulé Les époux Arnolfini (datant de 1434).



Bien sûr, Guowei revisite et recompose ce tableau en le sinisant. Les personnages, le décor évoquent la culture chinoise et plus particulièrement une période difficile de l’histoire chinoise, la Révolution culturelle lancée par Mao en 1966. Celle-ci avait l’ambition d’éliminer toutes les traces du passé. L'héritage du  passé était qualifié de petit bourgeois et donc anti-révolutionnaire.
La femme enceinte a revêtu l’uniforme des gardiens de la révolution. L’homme incarne la Chine du passé : le costume traditionnel, la sagesse de la philosophie de Confucius.
Cette composition se divise donc en deux ensembles qui se confrontent ou s'unissent ? Le passé impérial, traditionnel incarné par l’homme, les vases, le livre, les rouleaux et d’autre part le passé révolutionnaire avec des objets simples, dénués de beauté et de luxe : l’ampoule et l’uniforme et le rideau rouge qui peut symboliser la révolution de Mao. Ce tableau semble vouloir jouer non seulement sur la dualité du passé : la chine impériale et communiste….. Mais aussi par petites touches, Shi  Guowei nous laisse deviner les traces de l’occidentalisation actuelle de la Chine par deux détails par exemple :
Le 1er : l’horloge Ikéa, un standard des objets mondialisés, peut-être fabriqué en Chine.
Le 2nd sont les escarpins à la mode occidentale, de la femme élégante, très féminine.

Enfin, le pastiche s’inspirant d’une œuvre de l’école flamande renforce encore l’idée que la Chine est désormais ouverte aux influences diverses. Est-ce une bonne nouvelle, il semble que la démarche originale de cet artiste y répond en partie. 


                                                                                                                    Jean-Christophe Diedrich

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