dimanche 29 novembre 2009

L'Hôtel Tassel






Architecture : Analyse d’un bâtiment





Carte d’identité :

- Hôtel Tassel
- 6, rue Paul-Émile Janson, Bruxelles, Belgique
- Date de construction : 1892-1893
- Architecte : Victor Horta, né à Gand en 1861 et mort à Bruxelles en 1947.
Chef de file incontesté des architectes Art Nouveau en Belgique.
Il fit ses études chez un architecte de décoration d’intérieur à Paris, où il étudie les bâtiments classiques et leurs matériaux.
En 1880, il retourne en Belgique, s’inscrit à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles, il en sortira avec une médaille d’or. Il participe à des concours publics, bâtit de petites constructions abritant des statues, des tombeaux, et d’autres petits bâtiments. Il fréquente les meneurs des changements sociaux de l’époque.
En 1892, il réalise l’hôtel Tassel, il est un des premiers architectes à faire de l’Art Nouveau, avec Guimard.
Il part en 1916 pour les Etats-Unis où il découvre de nouveaux matériaux de construction se détournant de l’Art Nouveau.
En 1927 il devient pour 4 ans le directeur de l’Académie des Beaux Arts à Bruxelles.

- Commanditaire : Émile Tassel, professeur de géométrie descriptive à l'Université
Libre de Bruxelles, passionné de photographie et de cinéma.



Description et analyse :

Plan :








Superficie : terrain de 7,79 m de largeur et de 29 m de profondeur, avec 20,8 m occupés par la maison.

L’intérieur
Avec l'hôtel Tassel, Horta rompt définitivement avec le plan traditionnel des maisons bruxelloises. La maison est en effet formée de deux corps parallèles, chacun sous toit en bâtière (à deux versants). Le corps de bâtiment à front de rue abrite les fonctions d'accueil et les pièces de travail, avec parloir au rez-de-chaussée, fumoir-laboratoire à l'entresol. Un demi-niveau surmonte généralement le rez-de-chaussée. Nous trouvons un bureau au 1er étage et une salle d'étude au 2ème ; le corps de logis arrière, plus profond, regroupe les fonctions domestiques et de l'intimité : les cuisines dans les caves hautes, le sous-sol est à demi enterré, surélevant le rez-de-chaussée, le salon-salle à manger au rez-de-chaussée est surélevé, il y a une grande chambre et une petite salle à manger au 1er étage et deux chambres au 2e.
Dans cette partie se trouve un escalier de service. L'espace entre les deux corps de bâtiment, de 5,30 m de long, s'articule en deux puits de lumière, éclairant respectivement la cage d'escalier, espace à l'intérieur duquel se développe un escalier principal et la serre, bâtiment indépendant, à parois translucides, où l’on abrite les plantes l’hiver et cultive des végétaux sensibles au froid. Contrairement au jardin d’hiver, la serre ne constitue pas une pièce de vie. Les deux corps de bâtiments sont reliés aux trois niveaux par des paliers.




Les pièces sont distribuées symétriquement : à gauche de l'entrée, un vestiaire et une toilette; à droite, un petit parloir ; ces deux pièces s'ouvrent à la fois sur le petit hall d'entrée et sur le vestibule octogonal. Du parloir, on peut accéder directement à l'escalier qui conduit aux caves. Les parois du petit hall d'entrée sont recouvertes d'une imitation de marbre vert. Nous pouvons voir des vitraux de verre américain et de verre craquelé dans les tons vert et mauve. C’est un vestibule octogonal aux lambris (un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce). Le plafond est traversé d'un décor à motif d'épines, le sol est en mosaïque de marbre. Dans l'axe, sept marches en marbre conduisent au rez-de-chaussée surélevé qui occupe toute la partie postérieure de la maison.







Le palier est baigné de lumière, ouvrant à gauche vers une véranda. sous verrière inclinée, agrandi par un vaste miroir dilatant l'espace. À droite, escalier d'honneur s'arrêtant au 1er étage. Nous pouvons voir un grand décor mural, en dégradé de vert et d'orange, où figurent des arabesques. La composition ornementale mêle des éléments variés : végétaux, draperies, fruits, rubans, personnages, etc. et des végétaux stylisés. Ces motifs sont repris dans la ferronnerie. Il réside de nombreux éléments en fer (fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux), le sol est en mosaïque de marbre. Dans l'axe, le salon et la salle à manger se terminent en abside pentagonale : ils transparaissent complètement depuis le palier, plate-forme qui sépare deux volées d'escalier par des portes ou des fixes vitrés. À gauche de la salle à manger, nous remarquons un office avec monte-plats et, à droite, un escalier de service vers la cuisine. Au-dessus de la porte axiale, à l'intérieur du salon, nous pouvons observer une peinture à motif de chrysanthème. Le Plafond est en bois induisant un contraste fort avec les poutres métalliques apparentes exprimant la structure. Le parquet est en chêne de Hongrie.







Le fumoir est flanqué d'une salle de bain à gauche, avec WC, et d'un laboratoire à droite. Le. demi-niveau surmonte le rez-de-chaussée. Nous pouvons voir un grand vitrail représentant un paysage japonisant de bord de mer. Un luminaire électrique, en tiges souples en laiton terminées par des ampoules, émerge du départ de l'escalier. La volée supérieure de l'escalier est décorée d'une niche (renfoncement dans l’épaisseur d’un mur, qui reçoit parfois un élément décoratif).
L'escalier d'honneur aboutit au 1er étage. Côté rue, le bureau de Tassel. Côté jardin, se succèdent un petit salon accessible et une chambre à coucher avec bow-window : De l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. à trois fenêtres, pièces réservées à la grand-mère d'Émile Tassel. Sur le côté de la chambre, nous trouvons un cabinet de toilette à deux portes, l'une vers la chambre, l'autre vers le couloir qui longe le petit salon et d'où part l'escalier vers l'étage supérieur où la division des pièces est quasiment semblable. Côté rue, une salle d'étude ; côté jardin une succession de deux chambres avec cabinet de toilette.



Façade
L'appareillage régulier de la façade alterne les lits de blocs de pierre blanche d'Euville et de Savonnières. La composition rigoureusement symétrique et complètement vitrée, trouve un juste équilibre entre les pleins des parties en pierre et le vide de la partie centrale des étages.
Le traitement de la façade arrière est très sobre.




Interprétation :

Horta construit l’Hôtel Tassel pour Emile Tassel, le programme de construction consiste en une habitation pour célibataire, vivant avec sa grand-mère, aimant recevoir ses amis et poursuivre chez lui ses travaux scientifiques.

Toutes les caractéristiques qu'Horta développera dans ses autres habitations se trouvent réunies dans cette oeuvre : emploi d'une structure en fer apparente, intégration du décor à la structure, fluidité de l'espace, ouverture des espaces à la lumière naturelle, création d'une serre au coeur de la maison. Véritable « maison-portrait », elle répond parfaitement au programme spécifique de son commanditaire. C'est également à l'hôtel Tassel qu'Horta expérimenta son système original de chauffage et de ventilation.


Style du bâtiment :
L’hôtel Tassel fait partie des œuvres d'architecture Art Nouveau novatrices les plus remarquables de la fin du XIXe siècle. La révolution stylistique qu'illustrent ces œuvres se caractérise par le plan ouvert, la diffusion de la lumière et la brillante intégration des lignes courbes de la décoration à la structure du bâtiment.

Le devenir du bâtiment :
Une fois la maison terminée, en 1894, Horta travailla encore quelques années pour Tassel à des projets de mobilier. Quelques petits changements furent également apportés à la demeure
(décoration, chauffage), sans doute à la demande de Tassel. Après avoir été un temps occupé par la maison de couture Norine, l'hôtel Tassel fut, en 1956, divisé en petits logements, transformation faite au mépris de la conception initiale. L'hôtel est classé comme monument dans son entièreté par l'arrêté royal du 18.11.1976. En 1976, l'architecte Jean Delhaye acheta le bien avec l'intention de lui restituer sa splendeur initiale et entama la restauration en 1982.


En 2000, l’Hôtel Tassel fut proclamée patrimoine mondial par l'Unesco sur la base de
3 critères :

Critère (i) : Les Habitations de Ville de Victor Horta à Bruxelles sont des œuvres du génie créateur représentant l'expression la plus aboutie de l'influence du style Art Nouveau dans l'art et l'architecture.

Critère (ii) : L'apparition de l'Art Nouveau à la fin du XIXe siècle, qui marqua une étape décisive dans l'évolution de l'architecture, annonce les changements futurs. Les habitations de Victor Horta à Bruxelles sont le témoignage exceptionnel de cette approche radicalement nouvelle.


Critère (iv) : Les Habitations de Ville de Victor Horta sont des exemples exceptionnels de l'architecture Art Nouveau illustrant brillamment la transition du XIXe au XXe siècle en matière d'art, de pensée et de société.

Sabine Governo & Apolline Fabbian, TS4.

1 commentaire:

Unknown a dit…

juan gomez19 november 2018 om 18:31
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