samedi 17 septembre 2016

Run de Francis Upritchard


Run est l'une des statues composant l'étonnante mascarade de personnages étranges conservés dans le musée d'Art moderne de Brisbane (Australie). Elle date de 2012 et mesure 1m50 environ. Cette statue est une sorte de poupée faite de tissu et de résine. 


On doit ces étranges personnages à l'artiste néo-zélandaise Francis Upritchard née en 1976 et vivant actuellement à Londres. Formée à l'université de Canterbury (Nouvelle-Zélande), elle a travaillé dans un premier temps la peinture puis s'est lancée rapidement dans la sculpture. L'artiste mêle ses influences diverses, l'art des Maoris autant que les mythes occidentaux. 





 





Cette mascarade, ce charivari, cette étrange cavalcade se compose de 5 personnages aux attitudes extravagantes presque carnavalesques. Run, en deuxième position se trouve en équilibre sur un socle métallique. Son bras gauche est relevé comme un escrimeur, l'équilibre semble cependant instable. 
Cet être longiligne est habillé de blanc, son chapeau agrémenté de petites boules fait penser une coiffe d'Arlequin. Le fantastique n'est jamais bien loin dans l'art d'Upritchard, le regard un peu vide n'est finalement pas fait pour rassurer le spectateur. 

Bien sûr, l'ensemble inquiète, les attitudes extravagantes ne sont pas sans rappeler les tableaux médiévaux, la profusion de gestes qu'on retrouve parfois dans les toiles de Bruegel. 

Bruegel, Jeux d'enfants (détails)

L'ensemble des personnages est aussi un clin d'oeil à l 'univers populaire des marionnettes où il n'est pas question d'être fidèle à la représentation réaliste des humains, bien au contraire. Ces poupées deviennent des figures pas forcément bienveillantes qui sortent tout droit de l'univers fantastique et quelque peu pessimiste de Francis Upritchard.

Les autres œuvres réalisées par l'artiste gardent cette marque inquiétante, parfois colorée....des objets détournés, des arlequins extravagants. 






Oeuvre en relation

L'autre sculpteur néo-zélandais bien plus connu est Ron Mueck (voir l'article du blog). Si Upritchard s'inspire de ses rêves, des légendes fantastiques, Ron Mueck recherche dans ses statues l'hyper-réalisme... Le trouble s'installe à travers la confusion avec le réel.....les rides, les poils..... Mais la taille, plus petite ou bien trop grande de ces avatars humains pourraient presque rassurer si on ne croisait pas leurs regards. 

                                                                 Ron Mueck, Deux femmes, 2005, 48 cm



Jean-Christophe Diedrich