dimanche 20 décembre 2009

Et Lumière inventa la photographie couleur !


Auguste et Louis Lumière, scène humoristique

Nous avons déjà beaucoup abordé la photographie et avant de passer au cinéma, je voulais évoquer l'invention de la photographie couleur, qu'on appelle aussi à l'époque autochrome.


L'avènement de la photographie couleur est sans conteste une étape importante tant technique qu'esthétique dans l'histoire de cet art.

Famille Lumière


Cette histoire débute par un nom célèbre de l'histoire du cinéma, Antoine Lumière. Petit peintre, il quitte la capitale en 1861 pour Dôle où il devient photographe. En 1871, il s'installe à Lyon où il prospère grâce aux cartes de visite photographiques. Rapidement, il décide de produire les supports photographiques, l'entreprise grandit encore.
Ses deux fils, Louis et Auguste reprennent le flambeau de l'entreprise familiale : Auguste s'intéresse bien sûr à la fabrication de nouveaux supports mais également à la médecine et l'industrie pharmaceutique. Alors que Louis se consacre à la chimie et aux évolutions techniques de la photographie : à eux deux, les Frères Lumière déposent plus de 300 brevets d'inventions divers (dont le cinématographe).

Le premier brevet concernant le procédé de l'autochrome est déposé en décembre 1903 mais c'est seulement en 1907 que l'invention est enfin exploitée de manière industrielle. Le principe de l'autochrome est en fait compliqué, le support est en verre puis on la recouvre d'un réseau très fin de fécules colorées (vert, rouge-orange et violet) sur laquelle on dépose une émulsion sensible au spectre lumineux visible. Le résultat n'a bien sûr rien à voir avec les photographie d'aujourd'hui puisque le gris est la couleur dominante : ce qui donne une impression de "colorisation" manuelle de la photographie.

Toujours est-il que le succès ne se fait pas attendre : la société Lumière père et fils qui avait un statut de Société anonyme depuis 1891 connaît une expansion considérable : en 1911, elle fusionne avec l'un de ses concurrents et atteint le capital de 6,7 millions de francs.
Pour revenir à l'invention, l'autochrome dominera le marché (limité) de la photographie couleur jusqu'en 1931 date à laquelle, on remplace le support en verre, bien trop fragile par un film en cellulose appelé Filmcolor.

L'autochrome ne dura donc qu'une petite trentaine d'années pour autant, il nous laisse des clichés en couleur très exotiques et très saisissants.....surtout ceux sur la 1ère GM.
C'est aussi au milieu des années 30 qu'apparaîtront les 1er films couleurs chez Kodak et chez Agfa.


Autochromes sur la 1ère GM



Un très joli site dédié entièrement aux autochromes des frères Lumière

JC Diedrich









lundi 14 décembre 2009

D'art d'art pour être un vrai steack* en HIDA !



Qui a déjà vu cette émission qui dure moins de deux minutes et nous rend définitivement moins inculte en matière d'art ?
Moi....! Moi aussi !!!
Allons, allons, il existe des séances de rattrapages pour les autres, sur le site de France 2. En fait, c'est génial car on peut consulter toutes les émissions déjà diffusées depuis 2007....soit suffisamment pour saisir la grande histoire des œuvres en passant par l'anecdote et le détail qui tue !

Voici le lien vers France 2


Il existe un livre d'Art d'Art qu'on peut trouver au CDI : présenté par une vidéo (un peu promo)




Cela dit en passant, Frédéric Taddéi un tantinet dandy est parfait dans sa diction et son air amusé quand il nous rend moins bête !

Alors merci le service public (pour les grognons qui ne veulent pas payer la redevance...voilà une belle justification !)....
Et si vous êtes fan de Taddéi, comme moi...vous regarderez aussi son émission presque quotidienne le soir après 22 h30 : Ce soir ou jamais ! (à visionner également sur le site pour les couches-tôt)


* désolé pour le jeu de mot.....



Enfin.....voici un exemple de D'Art d'Art à visionner ici (petits veinards !) : ici René Iché





JC Diedrich

jeudi 10 décembre 2009

Isadora Duncan, une danseuse au destin romanesque


Isadora Duncan par Grandjouan

Dans le monde de la danse, Isadora Duncan agit immédiatement dans l'imaginaire comme une femme extraordinaire, une femme de roman qui bouleversa le langage classique de la danse pour inventer une nouvelle grammaire du geste.

Née en 1878 à San Francisco d'une famille d'un banquier ruiné d'origine irlandaise . Dans les années 1880, Isadora Duncan déménage à Oakland, apprend la musique puis donne à son tour des cours. Après une expérience au sein d'une compagnie new-yorkaise, la jeune femme décide de tenter sa chance en Europe, d'abord à Londres puis à Paris (1900).


Très vite, elle rencontre le succès (1903-04) grâce à son style libre et donc très singulier. Cette liberté, elle l'a choisie d'abord en dansant pieds-nus tout en abandonnant le tutu pour des voiles laissant parfois transparaître sa nudité. Son inspiration première est l'Antiquité grecque, elle recherche dans un retour, aux apparences classiques, un supplément de liberté qui côtoie le plus souvent une certaine improvisation. Aussi, les gestes inspirés du passé et les tuniques vaporeuses jettent les fondements de la danse moderne libérée des règles académiques.

Sa vie est sans conteste un roman, un roman noir puisque son existence sera ponctuée de drames : sa fille Deidre (dont le père est le metteur en scène Edward Gordon Craig) et son fils Patrick (dont le père est l'inventeur de la machine à coudre Partis Singer) se noient dans la Seine lors d'un accident de voiture en 1913. Après Londres et Paris, elle part par conviction politique en URSS vivre avec le poète Serguei Essenine. De retour, à Paris elle poursuit sa vie de romance jusqu'en 1927, où Isadora trouve la mort également dans un accident de voiture étranglée par son écharpe qui s'étaient enroulée dans une roue de sa décapotable.



Une muse pour de nombreux artistes: cette liberté tant dans son art que dans sa vie privée inspira de nombreux artistes qui la représentèrent comme Grandjouan, Dunoyer, John Sloan, Walkowitz, José Clara (deux dessins ci-dessous), et Antoine Bourdelle etc....






















Voici un lien vers un site russe qui propose plusieurs dizaines de photographies et des dizaines de dessins.



Une exposition lui est consacrée au musée Bourdelle de Paris






JC Diedrich

mercredi 9 décembre 2009

Un cours sur l'histoire de la danse


Hier, nous avons eu la chance de suivre un cours que dis-je...une synthèse sur les grandes étapes de l'histoire de la danse.
Après quelques rappels historiques et une typologie qui nous a permis de distinguer trois grands ensembles de pratique de la danse : la danse distractive (pour soi), la danse sacrée (la transe des derviches tourneurs) et la danse scénique : celle que nous étudierons car elle procède de l'art gestuel.

Le propos s'est ensuite axé sur les principales étapes qui ont permis d'aboutir à la danse moderne et contemporaine.


Voici une vidéo présentant les pionniers et les maîtres de la danse moderne.




Anne Drapier nous a présenté deux écoles qui se sont développées de façon concomitante durant tout le XXe siècle : d'une part l'école allemande expressionniste et d'autre part l'école américaine.
Ces deux écoles ont choisi de s'écarter de la danse académique, des costumes et des figures traditionnelles pour inventer un nouveau langage, beaucoup plus libre.

Parmi les pionniers de la danse la très célèbre Isadora Duncan qui va faire école aux EU pour donner deux grands maîtres : Marta Graham et Merce Cunningham (mort en juillet dernier).
En Allemagne, les pionniers s'appelaient Von Laban et Mary Wigman.... Ils ont ensuite produit quelques grands noms de la danse comme : Alwin Nikolais ou Pina Bausch.

Une vidéo sur Pina Bausch







vendredi 4 décembre 2009

Sortie Nancy 2/12/09


Photo de groupe devant l'Ecole de Nancy !


Villa Majorelle...que tu es belle... :)


























Souvenir du bus magique ... La joie se lit sur les visages !

mercredi 2 décembre 2009

Sortie école de Nancy

Tout le monde a été unanime, le bus était vraiment très chouette.... !!!
Mais bien sûr, on a vu d'autres choses.




La visite du musée de l'école de Nancy a été une belle réussite, le conférencier était de qualité et nous avons appris quantité de choses sur les Gallé, Majorelle et Daum. Par exemple, qu'Emile Gallé sans être véritablement un artiste engagé, exprimait à travers ses oeuvres quelques engagements politiques : il était Dreyfusard et multipliait également les allusions à Alsace-Moselle annexée.














Villa d'Eugène Corbin (fondateur des Magasins réunis de Nancy)













A la sortie du musée, nous avons fait un saut à la villa Majorelle....


lundi 30 novembre 2009

Elephant


Bonsoir,

est-il nécessaire de multiplier les plans courts à l'infini pour donner du rythme à un film ?
Le cinéaste russe S. Eisenstein a laissé une marque impressionnante sur le cinéma à partir de séquences surchargées de plans, où l'oeil est littéralement assommé d'images en quelques secondes. De la belle propagande...



Mais il existe des cinéastes qui prennent leur temps, où les plans sont longs et lents. Le film Elephant (Gus Van Sant - 2003 - cf. photo) est symptomatique de ce cinéma. Le cinéaste nous laisse le temps, à nous spectateur, de regarder ce qui se passe, d'imaginer ce que les personnages pensent. Sur l'extrait suivant, la bande originale de Elephant :

Bonne soirée.

dimanche 29 novembre 2009

L'Hôtel Tassel






Architecture : Analyse d’un bâtiment





Carte d’identité :

- Hôtel Tassel
- 6, rue Paul-Émile Janson, Bruxelles, Belgique
- Date de construction : 1892-1893
- Architecte : Victor Horta, né à Gand en 1861 et mort à Bruxelles en 1947.
Chef de file incontesté des architectes Art Nouveau en Belgique.
Il fit ses études chez un architecte de décoration d’intérieur à Paris, où il étudie les bâtiments classiques et leurs matériaux.
En 1880, il retourne en Belgique, s’inscrit à l’Académie des Beaux Arts de Bruxelles, il en sortira avec une médaille d’or. Il participe à des concours publics, bâtit de petites constructions abritant des statues, des tombeaux, et d’autres petits bâtiments. Il fréquente les meneurs des changements sociaux de l’époque.
En 1892, il réalise l’hôtel Tassel, il est un des premiers architectes à faire de l’Art Nouveau, avec Guimard.
Il part en 1916 pour les Etats-Unis où il découvre de nouveaux matériaux de construction se détournant de l’Art Nouveau.
En 1927 il devient pour 4 ans le directeur de l’Académie des Beaux Arts à Bruxelles.

- Commanditaire : Émile Tassel, professeur de géométrie descriptive à l'Université
Libre de Bruxelles, passionné de photographie et de cinéma.



Description et analyse :

Plan :








Superficie : terrain de 7,79 m de largeur et de 29 m de profondeur, avec 20,8 m occupés par la maison.

L’intérieur
Avec l'hôtel Tassel, Horta rompt définitivement avec le plan traditionnel des maisons bruxelloises. La maison est en effet formée de deux corps parallèles, chacun sous toit en bâtière (à deux versants). Le corps de bâtiment à front de rue abrite les fonctions d'accueil et les pièces de travail, avec parloir au rez-de-chaussée, fumoir-laboratoire à l'entresol. Un demi-niveau surmonte généralement le rez-de-chaussée. Nous trouvons un bureau au 1er étage et une salle d'étude au 2ème ; le corps de logis arrière, plus profond, regroupe les fonctions domestiques et de l'intimité : les cuisines dans les caves hautes, le sous-sol est à demi enterré, surélevant le rez-de-chaussée, le salon-salle à manger au rez-de-chaussée est surélevé, il y a une grande chambre et une petite salle à manger au 1er étage et deux chambres au 2e.
Dans cette partie se trouve un escalier de service. L'espace entre les deux corps de bâtiment, de 5,30 m de long, s'articule en deux puits de lumière, éclairant respectivement la cage d'escalier, espace à l'intérieur duquel se développe un escalier principal et la serre, bâtiment indépendant, à parois translucides, où l’on abrite les plantes l’hiver et cultive des végétaux sensibles au froid. Contrairement au jardin d’hiver, la serre ne constitue pas une pièce de vie. Les deux corps de bâtiments sont reliés aux trois niveaux par des paliers.




Les pièces sont distribuées symétriquement : à gauche de l'entrée, un vestiaire et une toilette; à droite, un petit parloir ; ces deux pièces s'ouvrent à la fois sur le petit hall d'entrée et sur le vestibule octogonal. Du parloir, on peut accéder directement à l'escalier qui conduit aux caves. Les parois du petit hall d'entrée sont recouvertes d'une imitation de marbre vert. Nous pouvons voir des vitraux de verre américain et de verre craquelé dans les tons vert et mauve. C’est un vestibule octogonal aux lambris (un revêtement de menuiserie, de marbre ou de stuc couvrant la partie inférieure ou l'entièreté des murs d’une pièce). Le plafond est traversé d'un décor à motif d'épines, le sol est en mosaïque de marbre. Dans l'axe, sept marches en marbre conduisent au rez-de-chaussée surélevé qui occupe toute la partie postérieure de la maison.







Le palier est baigné de lumière, ouvrant à gauche vers une véranda. sous verrière inclinée, agrandi par un vaste miroir dilatant l'espace. À droite, escalier d'honneur s'arrêtant au 1er étage. Nous pouvons voir un grand décor mural, en dégradé de vert et d'orange, où figurent des arabesques. La composition ornementale mêle des éléments variés : végétaux, draperies, fruits, rubans, personnages, etc. et des végétaux stylisés. Ces motifs sont repris dans la ferronnerie. Il réside de nombreux éléments en fer (fer forgé, en fonte ou dans un autre matériau ferreux), le sol est en mosaïque de marbre. Dans l'axe, le salon et la salle à manger se terminent en abside pentagonale : ils transparaissent complètement depuis le palier, plate-forme qui sépare deux volées d'escalier par des portes ou des fixes vitrés. À gauche de la salle à manger, nous remarquons un office avec monte-plats et, à droite, un escalier de service vers la cuisine. Au-dessus de la porte axiale, à l'intérieur du salon, nous pouvons observer une peinture à motif de chrysanthème. Le Plafond est en bois induisant un contraste fort avec les poutres métalliques apparentes exprimant la structure. Le parquet est en chêne de Hongrie.







Le fumoir est flanqué d'une salle de bain à gauche, avec WC, et d'un laboratoire à droite. Le. demi-niveau surmonte le rez-de-chaussée. Nous pouvons voir un grand vitrail représentant un paysage japonisant de bord de mer. Un luminaire électrique, en tiges souples en laiton terminées par des ampoules, émerge du départ de l'escalier. La volée supérieure de l'escalier est décorée d'une niche (renfoncement dans l’épaisseur d’un mur, qui reçoit parfois un élément décoratif).
L'escalier d'honneur aboutit au 1er étage. Côté rue, le bureau de Tassel. Côté jardin, se succèdent un petit salon accessible et une chambre à coucher avec bow-window : De l’anglais bow (arc dans le sens d’arqué, courbé) et window (fenêtre). Le bow-window apparaît avec l’Art nouveau. Il s’agit d’un élément en surplomb qui s’intègre par son plan cintré à la façade. Il se différencie de la logette, d’ordinaire de plan rectangulaire et qui paraît appliquée sur la façade. Le bow-window peut occuper plusieurs niveaux. à trois fenêtres, pièces réservées à la grand-mère d'Émile Tassel. Sur le côté de la chambre, nous trouvons un cabinet de toilette à deux portes, l'une vers la chambre, l'autre vers le couloir qui longe le petit salon et d'où part l'escalier vers l'étage supérieur où la division des pièces est quasiment semblable. Côté rue, une salle d'étude ; côté jardin une succession de deux chambres avec cabinet de toilette.



Façade
L'appareillage régulier de la façade alterne les lits de blocs de pierre blanche d'Euville et de Savonnières. La composition rigoureusement symétrique et complètement vitrée, trouve un juste équilibre entre les pleins des parties en pierre et le vide de la partie centrale des étages.
Le traitement de la façade arrière est très sobre.




Interprétation :

Horta construit l’Hôtel Tassel pour Emile Tassel, le programme de construction consiste en une habitation pour célibataire, vivant avec sa grand-mère, aimant recevoir ses amis et poursuivre chez lui ses travaux scientifiques.

Toutes les caractéristiques qu'Horta développera dans ses autres habitations se trouvent réunies dans cette oeuvre : emploi d'une structure en fer apparente, intégration du décor à la structure, fluidité de l'espace, ouverture des espaces à la lumière naturelle, création d'une serre au coeur de la maison. Véritable « maison-portrait », elle répond parfaitement au programme spécifique de son commanditaire. C'est également à l'hôtel Tassel qu'Horta expérimenta son système original de chauffage et de ventilation.


Style du bâtiment :
L’hôtel Tassel fait partie des œuvres d'architecture Art Nouveau novatrices les plus remarquables de la fin du XIXe siècle. La révolution stylistique qu'illustrent ces œuvres se caractérise par le plan ouvert, la diffusion de la lumière et la brillante intégration des lignes courbes de la décoration à la structure du bâtiment.

Le devenir du bâtiment :
Une fois la maison terminée, en 1894, Horta travailla encore quelques années pour Tassel à des projets de mobilier. Quelques petits changements furent également apportés à la demeure
(décoration, chauffage), sans doute à la demande de Tassel. Après avoir été un temps occupé par la maison de couture Norine, l'hôtel Tassel fut, en 1956, divisé en petits logements, transformation faite au mépris de la conception initiale. L'hôtel est classé comme monument dans son entièreté par l'arrêté royal du 18.11.1976. En 1976, l'architecte Jean Delhaye acheta le bien avec l'intention de lui restituer sa splendeur initiale et entama la restauration en 1982.


En 2000, l’Hôtel Tassel fut proclamée patrimoine mondial par l'Unesco sur la base de
3 critères :

Critère (i) : Les Habitations de Ville de Victor Horta à Bruxelles sont des œuvres du génie créateur représentant l'expression la plus aboutie de l'influence du style Art Nouveau dans l'art et l'architecture.

Critère (ii) : L'apparition de l'Art Nouveau à la fin du XIXe siècle, qui marqua une étape décisive dans l'évolution de l'architecture, annonce les changements futurs. Les habitations de Victor Horta à Bruxelles sont le témoignage exceptionnel de cette approche radicalement nouvelle.


Critère (iv) : Les Habitations de Ville de Victor Horta sont des exemples exceptionnels de l'architecture Art Nouveau illustrant brillamment la transition du XIXe au XXe siècle en matière d'art, de pensée et de société.

Sabine Governo & Apolline Fabbian, TS4.

jeudi 26 novembre 2009

Conférence d'un photographe : Olivier Toussaint

(Cliché pris sur le vif...un instant décisif de la conférence...)



Hier après-midi, nous avions la chance de recevoir un photographe qui nous a donné une belle conférence sur la photographie contemporaine (et l'art contemporain). Modernisme, Post-modernisme, l'aura, le ready made, l'art contemporain n'ont désormais plus de secret pour nous.
En dehors de ces nombreuses et utiles mise au point, Olivier nous a montré les travaux d'une série de photographes contemporains en tentant une classification (toujours difficile).
Enfin, à la fin de sa conférence, il nous a montré (avec trop de modestie) ses travaux.


Photo extraite des chemins de l'Ubaye, Olivier Toussaint


Pour aller plus loin :

Le site d'Olivier Toussaint
Une sélection de photos d'Andreas Gursky , de Pierre et Gilles , de Bernd et Hilla Becher
Une sélection de photos sur les sites d'Yves Trémori , de William Wegmann ou de Cindy Sherman

Andréas Gursky, 99 cents


JC Diedrich

mercredi 25 novembre 2009

Monet, La Pie


2e analyse de la Pie ! Quel succès !

Analyse d’une œuvre d’art


1) Présentation de l’œuvre

.Titre de l’œuvre : La Pie

.Auteur : Claude Monet est né le 14 novembre 1840 .Il grandit en Normandie , dans le Havre. Il sert dans l’armée en Algérie en 1861 , sort de l’armée et prend des cours d’art poussé par sa tante mais il n’aime pas les styles traditionnels qui lui sont enseignés .En 1862 , il étudie avec Charles Glères , il y rencontre Renoir et fonde le mouvement impressionniste .Il se marie avec Camille Doncieux qui lui servira de modèle notamment dans « femmes au jardin »celle-ci décède le 5 septembre 1879 et se remarie avec sa maîtresse Alice Hoschede.Il aimait peindre la nature contrôlée : son propre jardin , ses nymphéas ,son étang ,Etc. A la fin de sa vie Monet souffrait d’une cataracte qui altéra notablement sa vue .La maladie évoluant elle eu un impact croissant sur ses derniers tableaux. Il décède le 5 novembre 1926 et est enterré à l’église de Giverny.

.Date de réalisation :1869

.Type de l’œuvre : Tableau

.Support :huile sur toile

.Dimensions :89*130cm

.Lieu de conservation : Musée d'Orsay, Paris

Genre : scène d’extérieur paysage, tableau impressionniste

Contexte historique : Il crée son œuvre « La Pie » sous le second empire , période ou l’art officiel en France est l’académisme qui fixe des règles très précises et limite et même empêche le peintre de s’exprimer .Les œuvres impressionnistes de Monet sont alors critiqués et souvent refusés au « Salon ».On peut ajouter que Monet peint cette toile dans une période difficile de sa vie ; suite à une tentative de suicide.

2) Analyse technique de l’œuvre :


Description de l’œuvre : La pie, élément discret presque invisible est située sur une barrière de bois rudimentaire , celle-ci se prolonge sur toute la longueur du tableau et sépare le tableau en 2 parties : En arrière plan des maisons cachées par une rangée d’arbres nus recouverts eux-mêmes de neige , et au premier plan une grande étendue de neige ou les ombres de l’arrière plan se reflètent sur le sol. La neige recouvre entièrement la toile ; Il s’agit donc d’un paysage hivernal .La pie est le seul être animé de la toile,c’est un élément de très petites proportions et pourtant fondamental de la figuration.

La composition :.L'oiseau posé sur la barrière à gauche est un point de passage entre l'avant et l'arrière. Cette pie posée sur la ligne de l’horizon divise la toile pratiquement en 2 parties égales .Cette séparation fait se confronter les éléments du second plan reflétés sur le sol enneigé .
Sur cette sorte de barrière , la pie semble regarder la barrière en bois qui fait office de muret et sépare ,comme précédemment dit, le tableau en 2 parties égales : au premier plan un champ de neige et à l’arrière plan des batiments à larges toitures couvertes d’une neige bleutée sous un ciel blanc teinté de gris bleu. La pie et son ombre permettent de relever une certaine symétrie dans la construction du tableau entre sa partie supérieure et les ombres de la partie inférieure .(l’axe de symétrie est la ligne horizontale bleue).
Le tableau est composé de bandes horizontales caractérisés par les bandes dans le ciel les toits des maisons , la barrière en bois et les ombres .Cette horizontalité vient se confronter à la verticale des arbres et des sortes de piquets.




La technique utilisée et le dessin :Il s’agit d’une peinture à l’acrylique .Ce travail à l’acrylique rend moins les fondus que le travail à l’huile mais lui a permis cette superposition des différentes touches de nuances , les contours sont alors moins précis et plus flous .


Les couleurs : A première vue on pourrait croire que ce tableau est un monochrome blanc .Cependant si l’on observe bien la peinture , le blanc est moins « marqué » et la couleur en quelque sorte éclate . Monet empreinte une gamme de couleur réduite ce sont principalement des couleurs pâles, il joue sur la diversité des blancs en ajoutant des touches de bleu , de marron et de noir .On peut noter un contraste entre le chaud et le froid ; en effet le haut du tableau est composé de couleurs chaudes qui sont dans le ton jaune à l’opposé du bas avec des couleurs plus froides comme le noir ou le gris .Il superpose les nuances par petites touches juxtaposées.(virgules au premier plan , minces tirets dans le ciel)

La lumière : La lumière est une lumière naturelle provenant du soleil . Les ombres au sol sont des repères qui permettent de comprendre que les rayons viennent de la gauche du tableau. On peut ajouter que le soleil est bas dans l’horizon .




3)Interprétation de l’œuvre :


Monet vint à un thème qui lui était cher, et qui allait l'inspirer à de multiples reprises au fil des ans : celui des paysages enneigés. Convaincu que les paysages devaient être peints d'après nature, il travaillait en plein air par tous les temps .Il restitue les formes et l’espace par la lumière et la couleur .. En choisissant un paysage hivernal, Monet cherche à représenter les effets fugitifs de la nature c'est à dire à un instant précis et par conséquent de transmettre les sensations qu’il a perçu de ce paysage. Il saisit l’instant sans le figer , ainsi il veut mettre en avant le mouvement de la lumière , le jeu entre ombre et lumière .
Dans une période ou la France est touchée par une révolution industrielle la société est bouleversée, les villes se transforment , et les personnes délaissent les campagnes pour migrer en ville .Ici Monet met en évidence la différence entre la beauté des paysages de la campagne contre l’obscurité des villes et de la vie industrielle.
La représentation de ce coin de campagne de la région d'Étretat,donne à voir des tons clairs et lumineux très inhabituels, ce qu'a souligné le critique Félix Fénéon : «Le public accoutumé aux sauces bitumeuses que cuisinent les maîtres coq des écoles et des académies, la peinture claire l'estomaquait. La nouveauté et l'audace de Monet, plus préoccupé de perception que de description, explique le refus de la toile par le jury du Salon de 1869. Avec cette toile, peinte cinq ans avant la naissance officielle de l’impressionnisme, Monet apparaît bien comme le chef de file du mouvement .Ce tableau est un tableau d’avant-garde qui innove sur le jeu d’ombre et de lumière, et qui accentue l’effet fugitif de l’instant.
Pour conclure : L’œuvre de Monet n’est pas remarquable par son sujet mais par la manière dont le tableau est composé Monet restitue l’espace et les formes par la lumière et la couleur .La peinture en plein air , ici à Etretat, lui permet de réaliser une unité parfaite entre le motif principal et le fond . « La Pie » est une variation autour de la gamme des nuances des blancs avec des jeux de lumière, des ombres . Cette peinture dégage une certaine quiétude et donne un effet de sérénité .


YAHI Lilla



Sources :
- Le site très intéressant avec des nombreuses analyses, dont la Pie !
http://www.peintre-analyse.com/pie.htm
- Le site d'Orsay
http://www.musee-orsay.fr/
- L'autre analyse sur le même blog

mardi 24 novembre 2009

l'étoile d'Edgar Degas


L’Etoile, un nom faisant référence à la rêverie pour certains et à une boîte de nuit branchée pour d’autres. Pour Edgar Degas, l’Etoile est un ballet, un ballet qui se danse seule au milieu de la piste, avec pour seuls partenaires la grâce et la séduction du publique.


I/Présentation de l’œuvre

Titre : L'étoile (ou La danseuse sur scène).
Dimensions : 44 x 60 cm.
Peintre : Edgar Degas (Hilaire Germain Edgar de Gas), peintre impressionniste et sculpteur, né en 1834 et mort en 1917, fera ses études à l’Ecole des Beaux-arts
Type de peinture : Huile sur toile.
Année : 1876
Mouvement : Impressionniste
Exposition : Musée d’Orsay, Paris.

La petite histoire :


L’artiste était très intéressé par les danseuses, en tant que professionnelles, surtout au moment de leurs exercices, de leurs répétitions ou encore pendant qu’elles attendaient. C’est pour cela que cette toile est différente des autres.

II/Analyse technique de l’œuvre

Description : Placée au centre, seule, une danseuse est entourée par ses spectateurs. Dans le publique, disposé en cercle et debout, on distingue un homme et un petit groupe de danseuses le reste demeure très abstrait.


La composition : Au premier plan vient la soliste, puis autour d’elle se dessine un cercle vide et enfin un deuxième cercle représenté par le publique.


Les couleurs : Elles sont plutôt chaudes, sombres, où les touches d’ocre sont très présentes. Vêtue de blanc, la danseuse se démarque des autres par sa couleur, en effet, le publique a été peint avec un rouge orangé où seul un homme en noir et quelques danseuses d’un blanc moins prononcé que la soliste sont plus visibles.


Technique utilisée : Peinture à l’huile, un flou permanent qui est l’une des caractéristiques de l’Impressionnisme. L’unique personnage où un certain détail reste présent reste la ballerine.

La lumière : Elle provient du bas gauche du tableau et se reflète principalement sur la valseuse. Les seules zones d’ombre se trouvent au niveau des spectateurs, derrière la danseuse.


III/Interprétation de l’œuvre

Degas avait pour habitude de peindre les danseuses en dehors de leurs spectacles. Sur cette toile, on peut penser que l’artiste a voulu immortaliser un moment unique. La danseuse ici présente nous offre une arabesque où son équilibre est parfait. Sa grâce et sa technique sont perceptibles dès lors que notre regard se pose sur elle et le vide laissé autour d’elle doit être la conséquence d’une constante évolution de sa représentation. Etant donné la posture du publique que nous avons évoqué auparavant, le spectacle s’est peut être déroulé à l’improviste. La position circulaire de celui-ci montre que tout tourne autour du ballet. La danseuse représente un objet de divertissement, de fascination, de mystère.



Sophia Benferat



lundi 23 novembre 2009

METRO ET ART NOUVEAU

Pour faciliter les transports urbains, les capitales européennes se dotent de transports en commun métropolitains dans la 2e moitié du XIX s siècle-début XXe siècle.
A Paris, la ville et l’état lancent la construction d’une ligne de métro (à traction électrique) en 1898. Elle entre en fonction lors de l’Exposition Universelle de 1900 et va de Porte de Vincennes à la Porte Maillot.
La Compagnie du chemin de fer métropolitain organise un concours pour aménager les entrées de métro en 1899, mais aucun projet ne retient l’attention du conseil d’administration.

C’est alors que le président de la Compagnie, Adrien Bénard, propose de confier cette réalisation à Hector Guimard, connu pour certains immeubles dont le Castel Béranger. Après certaines difficultés financières, la Compagnie accepte d’installer les créations de l’architecte de 1903 à 1913.
Hector Guimard


Hector Guimard, qui se dit « architecte d’art » crée 3 types d’entrées de métro respectant le cahier des charges de la compagnie. En 1904 , dans la revue « L’art décoratif », il résume sa démarche architecturale en trois mots « logique, harmonie et sentiment ».
Le modèle de l’édicule (mot apparu à cette époque pour désigner une petite construction de l’espace public, on parlerait aujourd’hui de mobilier urbain) est couvert d’une marquise et peut être ouvert ou fermé sur les côtés : on peut encore en voir place des Abbesses ou place Dauphine ainsi que rue Ste Opportune. Les murs sont en lave d’Auvergne et les montants, les balustrades en fonte. Le décor est typiquement Art Nouveau, avec les formes arrondies, rappelant le monde végétal. Certaines de ces entrées sont qualifiées de « libellules ».





















Entrée de métro, place Dauphine Entrée de métro, place Ste Opportune



Sur la place de la Bastille et celle de l’étoile, Guimard aménage des gares. Ces pavillons disposent d’une salle d’attente et d’un guichet. L’entrée a une forme d’arc en fer à cheval, courant dans les bâtiments de l’école de Nancy, et elle est surmontée d’une verrière. Cette forme est sensée rappeler la voûte du métropolitain. On peut noter l’influence de l art japonais, très en vogue à cette époque. On surnomme d’ailleurs ces gares « les pavillons chinois ».

Carte postale représentant la gare de la Bastille, au début du siècle



Mais les entrées les plus courantes du métropolitain sont composées d’un panneau indicateur, de balustrades et de deux lampadaires rappelant un brin de muguet. Ces édifices sont préfabriqués et peuvent être refaits à la demande, modulés selon les stations ce qui est très novateur à l’époque.




















L’installation de ces édicules a provoqué un certain nombre de critiques, en particulier au sujet de celui de la place de l’opéra.
Ainsi le 8 octobre 1904, la revue La Construction moderne évoque les critiques et les arguments de l’architecte « le Matin, sans trop s’avancer, constate que , d’après les uns, la balustrade (…) s’harmonise mal avec le style de notre Académie de musique(…) d’autres expriment de terribles craintes : la balustrade actuelle , n’ayant pas la hauteur d’une balustrade, leur paraît insuffisante pour protéger les manifestants, qui poussés par la cohue, pourraient être précipités dans l’abîme souterrain (…) M Guimard qui, intervenant dans ce subtil débat sur l’harmonie qui semble tant préoccuper les journaux , a fait une déclaration très sensée : Est-ce qu’on devra dorénavant harmoniser la gare du Père-La-Chaise avec le Père-La-Chaise ? Harmoniser celle de la morgue avec la morgue ?(…) »

Actuellement, il ne reste plus de gares : celle de l’Etoile est détruite dès 1925 et celle de la Bastille en 1962.
Par contre les autres édicules sont restaurés ou recréés à l’identique grâce aux photos de l’époque et aux moules que la RATP a conservé .

Vous pouvez aussi avoir la surprise de découvrir certaines bouches de métro de style Guimard à travers le monde, offertes par la RATP, comme à Lisbonne, Montréal ou Mexico.




Gare de Karlsplatz à Vienne

A la même époque Vienne s’est elle aussi dotée de gares de métropolitain Art Nouveau. L’architecte Otto Wagner qui a fondé le Secessionstil avec Gustav Klimt est chargé de les aménager en 1899. La gare de Karlsplatz a été préservée, elle est composée de deux pavillons, réalisés en panneaux préfabriqués à motifs floraux.


Mais diraient les critiques s’élevant contre Guimard en voyant l’entrée du métro place Colette, devant la Comédie Française à Paris ?

En effet, l’œuvre de JM Othoniel, le Kiosque des noctambules, créé à l’occasion du centenaire du métro, a de quoi surprendre !
Deux coupoles symbolisant le jour et la nuit, composées de 800 perles de verre de Murano, colorées, tenues par une structure en aluminium surprennent associant l’art forain, assez« kitch » et le décor classique du XVIIe s de la place.