La scène artistique chinoise est sans aucun doute encore trop méconnue, une pépinière d'artistes suivent pourtant la trace de la star artistique chinoise, Ai Weiwei.
Au détour d'une belle exposition à la Galerie moderne de Milan, j'ai découvert cette oeuvre étonnante et qui est un témoin pertinent de la Chine actuelle.
Shi Guowei, artiste chinois, né en
1977. Il pratique la photographie retouchée à la peinture. Il produit
généralement des compositions de tableaux connus qu’il revisite à la manière
chinoise. Il pratique une sorte d’aller-retour entre la culture
occidentale et la culture chinoise. Il est ainsi le témoin de l’ouverture culturelle de la
Chine… tout en revisitant la propre histoire de son pays. Il vit actuellement à Hong-Kong et expose en Asie mais
aussi en Europe.
Il joue avec bien d’autres œuvres….comme par exemple la naissance de Vénus de Boticelli ou encore les Ambassadeurs d'Holbein.
L’œuvre est un pastiche d’un célèbre tableau de Van Eyck intitulé Les époux Arnolfini (datant de 1434).
Bien sûr, Guowei revisite et recompose
ce tableau en le sinisant. Les personnages, le décor évoquent la culture chinoise et
plus particulièrement une période difficile de l’histoire chinoise, la
Révolution culturelle lancée par Mao en 1966. Celle-ci avait l’ambition d’éliminer toutes les
traces du passé. L'héritage du passé était qualifié de petit bourgeois et donc anti-révolutionnaire.
La femme enceinte a
revêtu l’uniforme des gardiens de la révolution. L’homme incarne la Chine
du passé : le costume traditionnel, la sagesse de la philosophie de Confucius.
Cette composition se divise donc en deux ensembles qui se confrontent ou s'unissent ? Le
passé impérial, traditionnel incarné par l’homme, les vases, le livre, les
rouleaux et d’autre part le passé révolutionnaire avec des objets simples,
dénués de beauté et de luxe : l’ampoule et l’uniforme et le rideau rouge qui
peut symboliser la révolution de Mao. Ce tableau semble vouloir jouer non seulement sur la dualité du passé
: la chine impériale et communiste….. Mais aussi par petites touches, Shi Guowei nous laisse deviner les traces de
l’occidentalisation actuelle de la Chine par deux détails par exemple :
Le 1er : l’horloge Ikéa, un standard des objets
mondialisés, peut-être fabriqué en Chine.
Le 2nd sont les escarpins à la mode occidentale, de la femme élégante, très féminine.
Enfin, le pastiche s’inspirant d’une œuvre de l’école
flamande renforce encore l’idée que la Chine est désormais ouverte aux
influences diverses. Est-ce une bonne nouvelle, il semble que la démarche originale de cet artiste y répond en partie.
Jean-Christophe Diedrich
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