J'ai découvert hier, ce photographe africain qui a pourtant déjà une belle notoriété internationale. Il vient d'ailleurs, d'avoir l'honneur d'entrée dans la prestigieuse collection, Photo Poche d'Actes Sud.
J'ai immédiatement trouvé un lien entre son travail et celui de Mike Disfarmer : photographier des années durant dans un studio des anonymes en leur rendant une belle humanité, une gravité et une profondeur, expression noire et blanche...mais surtout noire, ici.... Afrique oblige !
Malick Sidibé né en 1936, est aujourd'hui une star à Bamako. Peu après l'indépendance (1960), il ouvre son studio-photo dans une période où le Mali s'ouvre aux influences extérieures : les EU, l'Europe, l'URSS. La mode apparaît sur les clichés et témoignent du mélange et sans doute du combat entre toutes ces influences extérieures confrontées à la société traditionnelle. Lunettes, radiocassettes, le solex, les pattes d'eph, costumes deux pièces, imprimés hallucinants et ce fond rayé ou à d'autres motifs capables à tout moment de nous donner une céphalée aiguë !
Il a dans ces portraits, une part d'Afrique, cette mise en scène où l'accessoire, le costume, la nouveauté sont fièrement exhibés. Bien sûr, l'art de Sidibé ne se résume par à cette simple série de plus de 50 ans de portraits maliens, il montre par ses "mises en pose" comment en Afrique évolue la représentation de soi selon les époques, selon les milieux sociaux et selon les personnalités. Il y a dans la mise en scène, un petit vent de folie restreint par des attitudes figées propres à la pose du studio photo.
Solex, Tex Mex, ici....Il nous semble évident que l'influence du western Spaghetti est forte dans cette saynète.
Association des Motifs, décollement "rétinien" assuré !
L'occidental
Pour conclure, je reviens à nouveau sur ma comparaison avec Mike Disfarmer. Comme ce dernier, Malick Sidibé a d'abord été un artisan/photographe, son art et son style s'est forgé avec le temps et la répétition...sa petite boutique et sans doute, son apparente spontanéité dans sa démarche artistique le rapproche du photographe misanthrope américain, Disfarmer.
La seule différence est que Disfarmer n'a pas connu le succès de son vivant puisque son œuvre a été redécouverte un peu par hasard. Sidibé depuis les années 2000 s'expose un peu partout..... les stars européennes se font même tirer le portrait chez lui : M (Mathieu Chedid), Philip Starck.
Jean-Christophe Diedrich
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