Une belle exposition, au musée du Jeu de Paume m'a fait découvrir, il y a peu, Lisette Model (1901-1983). Une galerie de portraits noir et blanc d'hommes et de femmes des rues de Paris mais surtout de New-York, voilà en substance, ce qui fait l'œuvre de Lisette Model.
Un joli site lui est dédié....et vous donnera toutes les indications biographiques mais surtout un bel échantillon de ses œuvres, classé par décennie.
Retraçons rapidement le destin de cette photographe, les femmes artistes sont encore rares à cette époque, elle est née à Vienne en 1901. Elle se destine au départ à la musique et devient l'élève du grand musicien Schönberg, elle arrive à Paris en 1924 et tente de débuter une carrière de chanteuse, elle rencontre alors son mari, le peintre russe Evsa Model. C'est en 1933 qu'elle débute dans la photographie et se fait connaître par le reportage qu'elle réalise sur la promenade des Anglais à Nice : une série de portraits de vieilles bourgeoises critique l'opulence au regard des autres personnages des rues qu'elle photographie habituellement.
Photos de la série, Promenade des Anglais.
Elle quitte Paris pour New-York en 1938 pour fuir l'antisémitisme et trouve rapidement du travail dans les revues new-yorkaise. Elle publie d'ailleurs la série de la promenade des Anglais. Elle poursuit son oeuvre pendant près d'un demi-siècle en arpentant Manhattan, en saisissant les visages, les souffrances se reflétant dans les vitrines de l'opulence.
Lisette Model prend des photos N/B, souvent en contre-plongée, avec un souci évident de la composition et du cadrage.....Elle photographie les gens, les jambes des passants, les vitrines et des personnalités au visage qui ne répond généralement pas aux canons de la beauté. Ses photos l'inscrivent complètement dans la photographe humaniste à l'instar d'un Willy Ronis ou d'un Robert Doisneau.
Au début des années 50, le Maccarthysme lui fait perdre la possibilité de vivre de ses reportages pour les revues, elle devient enseignante dans la photographie au New School of research social. De nombreux photographes ont suivi ses cours dont la célèbre Diane Arbus. Elle devient également la photographe de quelques stars comme Sinatra ou de nombreux jazzmen new-yorkais.
Il faudra cependant qu'elle attende la fin de sa vie pour connaître les honneurs d'une rétrospective : 1982.
Ces deux derniers portraits résument à la fois l'œuvre de la photographe mais également les deux faces d'un XXe siècle imparfait, injuste et cruel. Heureusement, le XXIe siècle semble bien différent.... quoique !
JC Diedrich
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