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lundi 23 novembre 2009

METRO ET ART NOUVEAU

Pour faciliter les transports urbains, les capitales européennes se dotent de transports en commun métropolitains dans la 2e moitié du XIX s siècle-début XXe siècle.
A Paris, la ville et l’état lancent la construction d’une ligne de métro (à traction électrique) en 1898. Elle entre en fonction lors de l’Exposition Universelle de 1900 et va de Porte de Vincennes à la Porte Maillot.
La Compagnie du chemin de fer métropolitain organise un concours pour aménager les entrées de métro en 1899, mais aucun projet ne retient l’attention du conseil d’administration.

C’est alors que le président de la Compagnie, Adrien Bénard, propose de confier cette réalisation à Hector Guimard, connu pour certains immeubles dont le Castel Béranger. Après certaines difficultés financières, la Compagnie accepte d’installer les créations de l’architecte de 1903 à 1913.
Hector Guimard


Hector Guimard, qui se dit « architecte d’art » crée 3 types d’entrées de métro respectant le cahier des charges de la compagnie. En 1904 , dans la revue « L’art décoratif », il résume sa démarche architecturale en trois mots « logique, harmonie et sentiment ».
Le modèle de l’édicule (mot apparu à cette époque pour désigner une petite construction de l’espace public, on parlerait aujourd’hui de mobilier urbain) est couvert d’une marquise et peut être ouvert ou fermé sur les côtés : on peut encore en voir place des Abbesses ou place Dauphine ainsi que rue Ste Opportune. Les murs sont en lave d’Auvergne et les montants, les balustrades en fonte. Le décor est typiquement Art Nouveau, avec les formes arrondies, rappelant le monde végétal. Certaines de ces entrées sont qualifiées de « libellules ».





















Entrée de métro, place Dauphine Entrée de métro, place Ste Opportune



Sur la place de la Bastille et celle de l’étoile, Guimard aménage des gares. Ces pavillons disposent d’une salle d’attente et d’un guichet. L’entrée a une forme d’arc en fer à cheval, courant dans les bâtiments de l’école de Nancy, et elle est surmontée d’une verrière. Cette forme est sensée rappeler la voûte du métropolitain. On peut noter l’influence de l art japonais, très en vogue à cette époque. On surnomme d’ailleurs ces gares « les pavillons chinois ».

Carte postale représentant la gare de la Bastille, au début du siècle



Mais les entrées les plus courantes du métropolitain sont composées d’un panneau indicateur, de balustrades et de deux lampadaires rappelant un brin de muguet. Ces édifices sont préfabriqués et peuvent être refaits à la demande, modulés selon les stations ce qui est très novateur à l’époque.




















L’installation de ces édicules a provoqué un certain nombre de critiques, en particulier au sujet de celui de la place de l’opéra.
Ainsi le 8 octobre 1904, la revue La Construction moderne évoque les critiques et les arguments de l’architecte « le Matin, sans trop s’avancer, constate que , d’après les uns, la balustrade (…) s’harmonise mal avec le style de notre Académie de musique(…) d’autres expriment de terribles craintes : la balustrade actuelle , n’ayant pas la hauteur d’une balustrade, leur paraît insuffisante pour protéger les manifestants, qui poussés par la cohue, pourraient être précipités dans l’abîme souterrain (…) M Guimard qui, intervenant dans ce subtil débat sur l’harmonie qui semble tant préoccuper les journaux , a fait une déclaration très sensée : Est-ce qu’on devra dorénavant harmoniser la gare du Père-La-Chaise avec le Père-La-Chaise ? Harmoniser celle de la morgue avec la morgue ?(…) »

Actuellement, il ne reste plus de gares : celle de l’Etoile est détruite dès 1925 et celle de la Bastille en 1962.
Par contre les autres édicules sont restaurés ou recréés à l’identique grâce aux photos de l’époque et aux moules que la RATP a conservé .

Vous pouvez aussi avoir la surprise de découvrir certaines bouches de métro de style Guimard à travers le monde, offertes par la RATP, comme à Lisbonne, Montréal ou Mexico.




Gare de Karlsplatz à Vienne

A la même époque Vienne s’est elle aussi dotée de gares de métropolitain Art Nouveau. L’architecte Otto Wagner qui a fondé le Secessionstil avec Gustav Klimt est chargé de les aménager en 1899. La gare de Karlsplatz a été préservée, elle est composée de deux pavillons, réalisés en panneaux préfabriqués à motifs floraux.


Mais diraient les critiques s’élevant contre Guimard en voyant l’entrée du métro place Colette, devant la Comédie Française à Paris ?

En effet, l’œuvre de JM Othoniel, le Kiosque des noctambules, créé à l’occasion du centenaire du métro, a de quoi surprendre !
Deux coupoles symbolisant le jour et la nuit, composées de 800 perles de verre de Murano, colorées, tenues par une structure en aluminium surprennent associant l’art forain, assez« kitch » et le décor classique du XVIIe s de la place.





















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