La photographie a perdu, il y a déjà longtemps, un grand photographe, un
grand paysagiste,
Pierre de Fenoÿl est décédé en 1987 à l'âge de 42 ans d'une crise cardiaque.
St-Martin (Tarn), 1985, mission DATAR
Autodidacte, sa passion pour la photographie remonte à sa prime jeunesse. Autodidacte, il fut appelé à jouer un rôle dans le monde de la photographie. Archiviste de Cartier Bresson, il est à bonne école. Il dirige ensuite le fonds d'images de l'agence Magnum. Il fonde en 1970 la première galerie dédiée exclusivement à la photo à Paris. Commissaire sur l'exposition sur Brassaï et de bien d'autres par la suite, il est l'un des fondateurs de l'agence VU. En 1976, il est le premier directeur de la Fondation nationale de la photographie. Il va promouvoir les grands artistes de la photographie : Cartier Bresson, Lartigues, Boubat, Kertesz, Diane Arbus etc.
En 1980, il voyage à New York, en Toscane puis en Egypte. Il expose au Centre G Pompidou en 1984, L'Egypte de Pierre Fenoyl où il impose sa vision de ce pays pourtant photographié si souvent.
Pierre de Fenoÿl
"De
même que l'écrivain est responsable de son écriture, les photographes
sont responsables de ce qu'ils montrent; c'est pourquoi j'ai choisi
depuis longtemps le paysage. prendre une photographie à la sauvette,
prendre en flagrant délit, n'est plus possible aujourd'hui. Ce n'est pas
un vol, la photographie, c'est un don. On ne prend pas, on reçoit. Je
ne suis pas un artiste au sens plasticien du terme. Etre photographe,
c'est matérialiser une intuition poétique de la réalité. C'est recevoir,
apporter, un au-delà que l'on ne soupçonne que par la poésie.
Je bâtis un chronophotoroman. Il sera un seul et même livre, la
recherche du temps présent et, une fois achevé, quel rêve de pouvoir le
donner à différents écrivains, pour qu'ils écrivent différents romans
d'une vie!
C'est avec cette conception que j'élabore des traces du temps vécu,
comme des preuves en pensant aux autres. Il n'y a pas d'amour, il n'y a
que des preuves d'amour. Ce jeu avec le temps ne concerne pas tant mes
contemporains que ceux qui verront ce temps disparu"
En 1984, il participe à la mission photographique de la DATAR. Cette dernière avait chargé un groupe de photographes reconnus de recenser les paysages français. Il publie alors une belle série de clichés sur le Sud-Ouest, là où il s'est installé en famille.
Toujours en noir et blanc avec son 24x36 Leica, il reconstruit les paysages avec méticulosité : cadrage, lumière, il "kidnappe" l'insaisissable beauté des lieux....
Un site lui rend hommage ainsi que des expositions un peu partout en France.
Jean-Christophe Diedrich